Financements français à des ONG palestiniennes nouvellement désignées comme terroristes
Introduction
Le 22 octobre 2021, le Ministère israélien de la Défense a annoncé avoir classé six Organisations Non Gouvernementales (ONG) palestiniennes sur la liste des organisations terroristes du Bureau national israélien de lutte contre le financement du terrorisme.
Ces 6 ONG1 ont été identifiées comme partie intégrante du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP), une organisation terroriste désignée comme telle par l’Union européenne, les États-Unis et Israël.
Selon le communiqué du ministère de la Défense israélien :
« D’un point de vue financier, ces organisations, contrôlées par le Front populaire, servent de source centrale pour le financement de l’activité de l’organisation [terroriste] et participent de manière significative à la construction de la force du FPLP… En outre, les organisations désignées bénéficient d’aides d’Etats européens et d’organisations internationales obtenues de manière frauduleuse. Cet argent a permis au FPLP de financer les familles des prisonniers et des auteurs d’attentats, de payer des salaires à ses membres, de renforcer ses activités et de diffuser son idéologie ».
Selon les analyses de NGO Monitor, dans la dernière décennie, au moins 200 millions d’euros de fonds publics européens et internationaux ont financé des projets impliquant des ONG en liens avec le FPLP, dont celles nouvellement désignées. Dans certains cas, ces ONG ont été fondées par le FPLP lui-même. Dans d’autres, une présence massive de membres ou d’affiliés au FPLP (au moins 70 recensés) occupent ou ont occupés des postes de directions, notamment celui de directeur financier, au sein de ces organisations. Dans tous les cas, ce phénomène plus que perturbant aurait dû disqualifier ces entités de percevoir des fonds publics.
Au mois de mai 2021, suite aux premières accusations des services israéliens de sécurité intérieure concernant le détournement de fonds publics européens par des ONG palestiniennes, l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) a lancé une enquête concernant les financements de l’UE à ces organisations. Une question parlementaire coécrite par plusieurs députés européens indique même que la Commission européenne a suspendu ses fonds à deux des ONG désignées, Al-Haq et à l’UAWC, « en attendant de pouvoir tirer cette situation au clair ».
De plus, le 5 janvier 2022, les Pays-Bas ont annoncé mettre fin à leur contrat avec l’UAWC. Cette décision fait suite aux conclusions d’une enquête indépendante commissionnée par le gouvernement néerlandais qui, basée sur des sources vérifiables, a identifié que pas moins de 34 employés de l’UAWC étaient actifs au sein du FPLP entre 2007 et 2020, certains occupant des postes de direction dans le groupe terroriste parallèlement à leur emploi à l’UAWC.
Malgré ces développements récents, la France a indiqué le 22 janvier 2022 qu’ « en l’absence d’éléments permettant d’étayer les allégations de détournement de fonds et leur participation ou leur soutien à une activité terroriste, la France demeurera mobilisée en faveur de ces organisations et continuera de leur apporter son soutien » (mention en gras ajoutée).
Fonds publics français pour des projets impliquant certaines de ces ONG désignées
La France, aux côtés de nombreux pays européens et de l’Union européenne, n’est hélas pas épargnée. En effet :
- De 2019 à 2021, un projet agricole d’un montant total de 650,000euros impliquant comme maîtres d’œuvre l’ONG française Experts-Solidaires et l’ONG palestinienne nouvellement désignée, l’Union des Comités du travail agricole (UAWC), a reçu les concours de l’Agence Française de Développement (AFD; 000 euros), l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse (203.440 euros), la Région Sud (100.000 euros) et la commune de Les Mées (2.000 euros).
- Durant la période dudit projet les directeurs financiers et administratifs de l’UAWC ont été arrêtés et mis en examen, accusés pour leur implication directe dans un attentat à la bombe (août 2019) ayant coûté la vie à une jeune israélienne de 17 ans, Rina Shnerb. Selon les actes d’accusation, Samer Arbeed (directeur financier de l’UAWC) aurait préparé et fait détonner l’engin explosif; Abdul Razeq Farraj (directeur des finances et de l’administration de l’ONG palestinienne) aurait validé la réalisation de l’attaque terroriste.
- Alors que l’arrestation du directeur financier de l’UAWC était connue d’Experts-Solidaires, il n’est pas certain que l’ONG française ait alerté les bailleurs de fonds du projet.
- Les deux accusés ont été condamnés par le passé pour leur appartenance au FPLP, indiquant ainsi un probable dysfonctionnement dans les procédures de diligences/vérifications sur les bénéficiaires finaux édictées par l’AFD.2 En effet :
- Selon l’UAWC, Samer Arbeed avait déjà été placé en détention administrativeen 2015. Dans un clip vidéo datant de 2013, Arbeed y décrit ses multiples arrestations et déclare avoir été arrêté en 2003 et condamné à deux ans et demi de prison.
- Selon un communiqué de Amnesty International datant de 2018, « Abdul Razeq Farraj, directeur des finances et de l’administration de l’Union des comités de travail agricole » a par le passé « purgé une peine de six ans d’emprisonnement dans une prison israélienne, après avoir été déclaré coupable d’entretenir des liens avec le Front populaire de libération de la Palestine».
- L’UAWC est identifiée par le Fatah comme « affiliée» au FPLP; elle est définie comme l’ « organisation agricole du FPLP » dans un audit commandé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). De plus, selon un ouvrage publié par l’Institut français du Proche-Orient, l’ « UAWC est une ONG agricole rattachée au Front populaire de libération de la Palestine ».
- Au mois juillet 2020, le gouvernement des Pays-Bas annonça le gel de ses fonds à l’UAWC après avoir reconnu après enquête que des fonds publics néerlandais avaient servi à verser les salaires de Samer Arbeed et d’Abdul Razeq Farraj.
- De 2020 à 2023, l’AFD finance à hauteur de 900,000 euros le projet « droits humains et mondialisation » porté par la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH). Selon la FIDH, un des dix-sept partenaires est l’organisation nouvellement désignée, Al-Haq. (Il n’est pas détaillé quel est le montant perçu par l’ONG palestinienne).
- Shawan Jabarin, le directeur d’Al-Haq a été condamné en 1985 pour avoir recruté et arrangé des entraînements pour des membres du FPLP.
- En 2007, la cour suprême israélienne rejeta l’appel de Jabarin de se rendre à l’étranger affirmant que ce dernier est un « activiste du FPLP de haut rang» qui « opère apparemment à la manière de Dr Jekyll et de M. Hyde. D’un côté, il se présente comme le directeur d’une organisation de défense des droits humains, et de l’autre, il est actif dans une organisation terroriste qui commet des meurtres ».
- En 2019, Shawan Jabarin a été identifié à au moins deux reprises alors qu’il participait à des évènements organisés par le FPLP rendant hommage à des dirigeants de l’organisation terroriste, y compris Maher Yamani qui avait « coordonné les opérations spéciales…en particulier l’opération contre un avion de la compagnie israélienne El Al en juillet 1968 en Grèce».
Shawan Jabarin est également un des vice-présidents et secrétaires généraux de la FIDH. En 2018, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) lui avait décerné « le Prix des droits de l’homme de la République française ‘Liberté, égalité, fraternité’ ». A cause de ses liens avec le FPLP et l’agenda pro-BDS de son organisation, la ministre de la justice Nicole Belloubet avait renoncé lundi à présider la cérémonie de remise de la récompense.
- Depuis 2009, l’AFD soutient financièrement (au moins 1 million d’euros depuis 2009[1]) la Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine (PFP), une organisation parapluie française regroupant une quarantaine d’organisations impliquées à divers degrés dans le conflit israélo-arabe qui affirme mener un travail de pression auprès des élus. La fiche de communication du projet « Etre entendu et faire comprendre, quelle solidarité avec la Palestine? » (270,000 euros de 2017 à 2020) publiée par l’AFD liste comme partenaires les ONG palestinienne nouvellement désignées Al-Haq, Défense des Enfants International – Palestine (DCI-P) et Addameer.
- Addameer est identifiée par le Fatah comme « affiliée» au FPLP. Plusieurs employés ainsi que des membres du conseil d’administration et de l’assemblée générale de l’ONG ont des liens avec l’organisation terroriste, y compris Salah Hamouri, avocat franco-palestinien travaillant pour Addameer qui a été condamné par Israël à 7 ans de prisons en 2008 en raison de son appartenance au FPLP et pour une tentative d’attentat contre le grand rabbin d’Israël. Lors de son passage en France en 2018, Hamouri, répondant à la question d’un journaliste au sujet de son appartenance au FPLP avait répondu: « Je ne peux pas dire si je suis membre ou pas ».
- Au moins 10 employés et membres du conseil d’administration (actuels et anciens) de DCI-P sont en lien avec le FPLP. Par exemple, Riyad Arar, directeur du programme de protection de l’enfance au sein de DCI-P avait pris la parole en 2014 à l’occasion d’un événement organisé par le FPLP en l’honneur d’un membre du groupe terroriste tué lors de violents affrontements avec l’armée israélienne. Des individus encagoulés au couleur du FPLP dont certain semblant être des enfants avaient pris part à cette cérémonie (voir photos ci-dessous).
Manque de transparence du Consulat de France à Jérusalem
Le Consulat Général de France à Jérusalem (CGF) qui ne publie plus depuis 2016 les subventions qu’il accorde chaque année à des ONG pour la mise en œuvre de projets, avait financé en 2011 à hauteur de 15,000 euros l’Union des Comités des femmes palestiniennes (UPWC) pour un projet qui « visait à assister deux écoles maternelles de deux communautés bédouines… particulièrement vulnérables ».
Cette ONG nouvellement désignée qui est identifiée par le Fatah comme « affiliée » au FPLP et qui revendique son appartenance à l’organisation terroriste, supervise le « projet éducatif » « Ghassan Kanafani » (un ancien leader et porte-parole du FPLP) pour les jeunes enfants. En 2017, l’UPWC avait publié des photos de ce projet indiquant clairement l’endoctrinement de ces enfants à la violence.
Ce déficit de transparence de la part du CGF est d’autant plus problématique qu’au mois de juin 2021, l’association hiérosolymitaine Burj Alluqluq soutenue depuis des années par le CGF (y compris en 2021) a renoncé aux 765.000 euros accordés par l’AFD dans le cadre du programme d’Appui à Jérusalem-Est pour son identité et sa résilience (AJIR), au motif d’un refus d’adhérer aux clauses antiterroristes.
Un collectif partenaire FPLP actif en France
Le Collectif Palestine Vaincra (CPV) est un groupe radical toulousain antisioniste « partenaire » du FPLP qui est engagé dans la promotion de l’idéologie du groupe terroriste, affirmant notamment « avec force et sans ambiguïté l’illégitimité de l’État sioniste et la nécessité de son démantèlement ». (Voir fichier d’information complet sur le CPV).
Depuis le mois de février 2021, le site internet du CPV ainsi que ses comptes Facebook et Twitter figurent sur « les listes des organisations terroristes et des associations non autorisées » du Bureau national de lutte contre le financement du terrorisme du ministère de la Défense israélien.
Ce listage fait suite à la désignation de Samidoun (dont CPV est membre), un « réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens » comme organisation terroriste, identifié comme partie intégrante du FPLP.
En Effet, selon le communiqué du Ministère de la Défense israélien, « l’objectif officiel de Samidoun est d’assister les prisonniers palestiniens dans leur lutte pour être libérés de prison. Cependant, dans la pratique, il sert de façade pour le FPLP à l’étranger. L’organisation joue également un rôle important dans les efforts de propagande anti-israélienne du FPLP, la collecte de fonds et le recrutement d’activistes [au profit du FPLP]. Ces activités complètent la lutte terroriste armée et violente que le FPLP engage contre Israël ».
Suite à ces éléments troublants, NGO Monitor a lancé un appel à la dissolution du Collectif Palestine Vaincra adressé le 3 mars 2021 à Messieurs les Ministres de l’Intérieur et le de la Justice, ainsi qu‘à Madame la Ministre déléguée auprès du Ministre de l’Intérieur, en charge de la Citoyenneté. Un deuxième appel à la dissolution du CPV a été lancé le 2 septembre 2021 à la suite d’un risque de financement illicite par le groupe toulousain destiné à l’organisation d’un camp d’endoctrinement dans la bande de Gaza supervisé par le FPLP mettant notamment en scène des enfants soldats.
En effet, le 4 juillet 2021, CPV a publié sur son site internet quelques photos anodines d’enfants palestiniens participant à la cérémonie de clôture d’un camp de vacances qu’il soutient activement. Dans son article, CPV annonce également la bonne réception par une association palestinienne, « Les enfants du martyr de Ghassan Kanafani », de 6000 € qu’il a collecté afin d’organiser des camps de vacances similaires.
Cependant, une vidéo de la cérémonie de clôture dudit camp de vacances filmée par « PFLP media office » laisse clairement apparaître que ces jeunes palestiniens qui remercient CPV participent à un camp de vacances du FPLP au cours duquel ils participent à une fausse parade militaire.
A ce jour, une question parlementaire écrite restée sans réponse a été déposée le 23 mars 2021 par Monsieur le Député Patrice Perrot (LREM) sur ce sujet sensible.
Footnotes
- Union des Comités du travail agricole (UAWC), Union des Comités des femmes palestiniennes (UPWC), Addameer, Al-Haq, Défense des Enfants International – Palestine (DCI-P) et le Centre Bisan pour la Recherche et le Développement (Bisan).
- Voir section « LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME (LCB/FT) » de l’Annexe 1 – Note d’initiative OSC-NIONG : projet de terrain (octobre 2020) publié par l’Agence Française de Développement.